Woluwe-Saint-Pierre encore

Les trois fauconneaux de Woluwe-Saint-Pierre ne seront manifestement pas rejoint par un quatrième. Le dernier œuf n’a pas encore éclos et il semble maintenant illusoire d’espérer, 4 jours après l’éclosion du troisième. Mais c’est d’un de leurs ainés qu’il est aujourd’hui question.

En visionnant les images des caméras de la cathédrale enregistrées durant la couvaison, surprise ! Nous sommes le 1 avril à 17:39, un Pèlerin se pose en catastrophe sur une des gargouilles qui sert régulièrement de poste de plumée (vidéo). Quel drôle de comportement ! Ce faucon, clairement un mâle, montre une maladresse inhabituelle chez l’espèce et puis surtout, il semble paniqué. A l’observer de plus près, son plumage ne correspond pas celui du mâle de la cathédrale. Un seul réflexe : regarder ses pattes. Il a, à la patte gauche, une bague noire gravée d’un code blanc bien visible! Ce n’est pas le mâle de la cathédrale puisque celui-ci n’a qu’une bague métallique ! Durant 6 minutes, ce Pèlerin au plumage très strié sur la poitrine, va observer son environnement. Il n’a pas l’air très à son aise. Il regarde à gauche, à droite, vers le bas, vers le haut. Il ébouriffe son plumage, et puis le compresse. Stress de Pèlerin ? Oui, sans aucun doute. Les Pèlerins sont des oiseaux très territoriaux en période de nidification. Et ce mâle a bien dû repéré qu’il y a un couple de congénères non loin. Heureusement pour lui, ce sont surtout les femelles qui se bagarrent et s’excluent entre elles. Avec parfois des combats mortels. On en recense quasi chaque année en Belgique. Toujours est-il que les mâles sont moins belliqueux, probablement en relation avec leur corpulence nettement plus faible que celles des femelles. Leur poids se situe en effet entre 600 et 650 g tandis que celui des femelles atteint 1100 g. L’intrus du jour sera finalement repéré car à 17:45, après avoir scruté le ciel et montré une certaine inquiétude, il prend son envol. Quelque secondes plus tard, la femelle de la cathédrale se pose sur l’ornement de pierre. Elle est chez elle et cela se voit ! Elle aussi scrute les environs, le plumage compressé. Et puis, elle se calme, s’ébouriffe et fait sa toilette.

Quel rapport avec Woluwe-Saint-Pierre ? Direct : le mâle intrus ayant fait escale pour quelques minutes à la cathédrale est l’un des deux premiers fauconneaux éclos au sommet de la tour de la maison communale, au printemps 2014 donc. Il n’avait jamais été réobservé depuis. Et c’est la première fois que l’on a des nouvelles d’un des 8 fauconneaux envolés jusqu’ présent depuis ce site.

Intéressante observation donc, qui illustre que les mâles Pèlerins ne s’éloignent en général pas à grande distance de leur lieu de naissance. La distance entre la cathédrale et la tour de Woluwe-Saint-Pierre est exactement de 4,9 km. Bien entendu, rien ne dit que depuis son premier envol, ce faucon n’a pas quitté Bruxelles. Mais aujourd’hui, il est en âge de se reproduire. Manifestement, il ne le fait pas. Car sinon, il n’y a aucun doute, il ne se poserait pas en territoire « ennemi ». Il est donc plus que probablement en recherche d’un territoire/d’une partenaire. Et c’est très probablement en survolant la ville qu’il a repéré la cathédrale, site idéal de nidification avec ses multiples balcons et gargouille. Pas de chance, la place est prise !

La littérature parle d’une distance moyenne de 18 km entre le site d’éclosion et celui où s’établira le jeune mâle pour nicher. Les données récoltées en Belgique et singulièrement à Bruxelles contribuent à cette connaissance de l’écologie du Faucon pèlerin. Le mâle nicheur de la cathédrale en est un bel exemple puisqu’il est éclos sur place au printemps 2008 ! Distance de dispersion = 0 km.

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