Fauconneau unique à la cathédrale

Un premier pépiement est entendu le 12 avril à l’aube à la cathédrale. Quarante-huit heures plus tard, un premier fauconneau est éclos. Le duvet encore tout mouillé, il se laisse brièvement admirer. C’est la quinzième année consécutive qu’un couple de Faucons pèlerins niche dans le cœur de Bruxelles, au sommet de la tour nord de la cathédrale des Saints Michel et Gudula.

Premier fauconneau mais aussi unique fauconneau 2018 à la cathédrale. En effet, depuis, il n’y a plus eu d’éclosion. Un poussin est presque arrivé à maturité, mais est mort dans l’œuf peu avant l’éclosion. Pourquoi ? Impossible de l’expliquer avec certitude, mais deux hypothèses peuvent être proposées. Soit, il n’était simplement pas viable et n’a pas eu la force de s’extraire de sa coquille. Soit, il pourrait s’agir d’un accident : au cours du processus d’éclosion, la coquille aurait pu être quelque peu enfoncée par un mouvement de l’un des adultes. La coquille de la zone écrasée s’émiette alors, comme on peut le faire pour peler un œuf dur. Mais comme l’exemple de l’œuf dur, les morceaux de coquille ne tombent pas, ils restent accrocher à la membrane. Et c’est ce que l’on semble voir à plusieurs reprises sur des extraits vidéo. Pourquoi le fauconneau n’arrive-t-il pas à s’extraire de l’œuf dans pareilles circonstances ? Simplement car pour cisailler la coquille depuis l’intérieur de l’œuf, il doit tourner sur lui-même et prendre appui afin d’exercer la plus grande force possible avec son bec sur l’intérieur de la coquille. Si la coquille est émiettée, la surface de l’œuf n’est plus dure, le fauconneau ne peut prendre appui comme il le faut et ne parvient donc pas à éclore.

Dans pareilles circonstances, les adultes n’aident jamais un poussin à sortir de l’œuf. C’est le poussin qui doit le faire tout seul. Pourquoi ? Probablement, afin de laisser s’exercer la sélection naturelle. Tenter de sauver un fauconneau, qui n’est pas capable de sortir seul de sa coquille, n’aurait pas de sens car cette incapacité à s’extraire serait d’office le témoin d’une faiblesse telle que l’oiseau n’aurait au final que de très maigres chances de survie. Hypothèse bien entendu, mais souvent vérifiée, y compris chez des oiseaux d’élevage.

Un œuf dont la coquille a apparemment été partiellement enfoncée, c’est déjà arrivé au cours de la nidification 2016. La femelle Pèlerin avait emporté l’œuf en question en dehors de son nid. Idem cette année ! Incroyable comportement, mais à nouveau logique. Il est clair que la femelle réalise que le fauconneau est mort dans l’œuf. Elle sait d’une part qu’il n’y a aucune chance qu’il éclose (évidemment…) mais surtout, est capable de réaliser que le laisser dans le nid est susceptible de créer un foyer d’infection. Il faut donc l’évacuer ! Comme elle le fait avec les restants de proies.

Restent deux œufs, qui ne montrent aucun signe de coquille endommagée ou de début d’éclosion. Ils sont donc soit non-fécondés soit morts au cours de l’incubation. Et ils n’ont pas été enlevés, eux, par la femelle ! Il ne représentent certainement pas un risque en terme d’infection d’une part. D’autre part, espère-t-elle encore qu’ils vont éclore ? Probablement.

Un seul fauconneau sur 5 œufs pondus, ce n’est pas beaucoup évidemment. Mais c’est la Nature. Rappelons-le nous sommes des observateurs d’oiseaux sauvages !

 

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