Premiers envols mouvementés

Le premier envol chez un oiseau est toujours un moment impressionnant et crucial. Après être resté des semaines, voir des mois (dans la cas des albatros), dans la sécurité d’un nid, sans se déplacer, sous la surveillance des parents qui l’alimentent, voici que le jeune oiseau va devoir apprendre à voler et à se nourrir seul. Selon les espèces, ces apprentissages vont être progressifs… ou non !

Une mésange quitte son nichoir sans savoir très bien voler. Elle va sautiller de branche en branche pendant quelques heures, prendre de l’assurance, « comprendre » le fonctionnement de ses ailes. Elle va ensuite se lancer dans un premier vol, sur quelques mètres et à faible hauteur. Ses parents sont autour d’elle, la nourrisse encore ponctuellement le temps qu’elle comprenne que la petite chenille verte qui danse là sur la feuille est un met de choix ! Il suffit de se poser à coté et gloups de l’avaler.

Chez les Pèlerins, les parents veillent également. Ils restent à proximité du fauconneau fraichement sorti du nid. Ils continuent à le nourrir le temps qu’il apprenne à capturer une proie. L’apprentissage est évidemment quelque peu plus complexe que dans le cas de la mésange. Inutile de dire qu’il ne suffit pas de se poser à côté d’un Martinet noir ou d’une Tourterelle turque pour l’attraper ! Mais la plus grande différence par rapport à la plupart des autres espèces d’oiseaux, le plus grand challenge pour le jeune Pèlerin, est qu’il n’a pas la possibilité de s’entrainer « discrètement » au vol. La situation du nid, bien protégé au creux d’une vire sur une falaise de 100 m de haut ou sur le balcon d’une cathédrale millénaire, devient un danger mortel ! Le moment venu du premier envol, il n’y a qu’une solution : se jeter dans le vide ! Et c’est là que la sélection naturelle débute. De nombreux jeunes Pèlerins ne résistent pas à ce baptême de l’air. Celui qui n’a pas compris immédiatement comment « jouer » avec les courants aériens, comment faire bouger ses rectrices (plumes de la queue) afin de s’orienter va se retrouver au sol. En moins de temps qu’il ne faut pour le dire. Et là, les choses se compliquent ! Car la musculature du jeune Pèlerin n’est pas encore suffisamment développée. Logique : cela fait 6 semaines qu’il est tranquille dans son nid. Conséquence : il n’a pas la capacité de redécoller depuis le sol. Re-conséquence, son destin est scellé.

Les Pèlerins qui nichent à Bruxelles n’échappent pas à ce phénomène. Chaque année, quelques-uns sont retrouvés au sol, en perdition. Mais il y a une grande différence avec d’autres circonstances. Les Pèlerins sont tellement connus à Bruxelles qu’une « chaine de sauvetage » s’organise dès qu’un citoyen découvre un jeune faucon au sol. En première ligne, il y a la Ligue Royale Belge pour la Protection des Oiseaux qui organise un Centre de Soins pour animaux sauvages (02/5212850, https://protectiondesoiseaux.be/les-centres-de-revalidation/bruxelles/).

Si le fauconneau est coincé en hauteur, cela arrive rarement, mais cela arrive, une équipe spécialisée des Pompiers de Bruxelles intervient. Si nécessaire avec la grande échelle permettant de monter jusqu’à 34 m de haut !

Dans l’extrême majorité des cas, le fauconneau n’est pas blessé car il est arrivé jusqu’au sol en planant. Puisqu’il est censé voler ! En cas de blessure, le traitement adéquat sera assuré par les vétérinaires qui collaborent (bénévolement) au centre de soins.

Vient ensuite l’équipe du l’Institut Royal des Sciences Naturelles de Belgique qui se charge de reconduire le fauconneau dans son nid ou sur un toit à proximité. Il est en effet indispensable qu’il se reconnecte au plus vite avec ses parents et … qu’il tente un nouvel (premier) envol. Il a donc une deuxième chance !

Ces derniers jours, 7 sauvetages ont été réalisés. Autant, c’est tout à fait exceptionnel. Mais l’explication est simple : le vent fort qui souffle à Bruxelles depuis une semaine et qui complique encore le premier envol !

Trois jeunes faucons éclos sur l’église Saint Antoine à Etterbeek, 1 (2x) fauconneau de l’ULB et le fauconneau unique (2x) de la cathédrale ont expérimenté la chaine de sauvetage. Seul un a été blessé et est encore en soins. Les autres ont été reconduits à proximité de leur nid. Ceux de Saint Antoine ont été reconduits dans la gouttière de la nef principale, celui de l’ULB, sur le toit du plus haut bâtiment du campus du Solbosch, celui de la cathédrale, sur le sommet de la tour qui abrite le nid.

A suivre !

Blog 01062023 photo 1. Un des fauconneaux de l’église Saint Antoine d’Etterbeek coincé à 36 m de haut dans le fil du paratonnerre (photo DV).

Blog 01062023 photo 2. Sauvetage délicat mais réussi grâce à la dextérité et au professionnalisme des Pompiers de Bruxelles (photo DV) !

Blog 01062023 photo 3. Un fauconneau de Saint Antoine de retour sur l’église (photo DV).

Blog 01062023 photo 4. Le fauconneau de la cathédrale sous bonne garde policière. Les agents l’ont surveillé pendant une heure le temps qu’une équipe arrive sur place (photo DV) !

Blog 01062023 photo 5. Un des deux jeunes mâles de l’ULB prêt à repartir vers de nouvelles aventures (photo DV).

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